
Censure de l'internet par l'IA
L'organisme russe de surveillance de l'internet veut utiliser l'intelligence artificielle pour bloquer l'accès aux informations à diffusion restreinte sur l'internet russe. L'intelligence artificielle devrait permettre à l'agence de bloquer les contenus indésirables trois fois plus rapidement - dans l'heure qui suit leur publication - et de les bloquer avec plus de précision, selon les autorités.
- Selon des documents consultés par Kommersant, l'autorité russe de régulation des communications, Roskomnadzor, prévoit de commencer à utiliser l'IA cette année pour créer et tenir à jour un registre des sites bloqués.
- L'agence utilise déjà son propre système d'information pour rechercher et bloquer l'accès aux contenus en ligne interdits en Russie. Les documents d'appel d'offres publiés par Roskomnadzor indiquent qu'en plus de repérer les contenus interdits, l'agence a la capacité de les classer en fonction de leur caractère (sur la base d'une opinion neutre, négative ou positive de l'auteur) et de trouver des copies et des duplications de matériel et de sites interdits.
- En 2023, le système mettait généralement trois heures à identifier les contenus illicites à partir du moment où ils étaient publiés. Cette année, l'objectif est de réduire ce délai à deux heures grâce à l'IA et, d'ici à la fin de 2026, le temps moyen de suppression devrait être ramené à 60 minutes. L'agence vise également une baisse du taux d'erreur de 20 % à 10 %. L'IA devrait permettre à Roskomnadzor de bloquer des contenus à la fois plus rapidement et de manière plus approfondie, car elle permet "d'identifier des connexions contextuelles complexes entre les fragments de texte, de trouver des modèles et des associations cachés", indique l'agence dans les documents obtenus par Kommersant.
- Les opérations de blocage de sites de l'agence sont déjà partiellement automatisées. En mars, elle a cessé de mettre à jourun registre public de sites interdits, car Roskomnadzor n'a plus besoin d'informer les opérateurs de télécommunications des sites à bloquer. Auparavant, les opérateurs étaient chargés de bloquer les contenus, mais l'agence peut désormais s'en charger directement grâce à des améliorations technologiques et matérielles.
Pourquoi le monde doit-il s'en préoccuper ?
La première chose qui vient à l'esprit lorsqu'on entend parler de projets visant à utiliser l'IA pour censurer l'internet est qu'il s'agit d'un gaspillage flagrant de l'argent des contribuables pour une technologie que les autorités ne peuvent même pas comprendre. Mais ces dernières années, le chien de garde de l'internet a aiguisé ses dents. En 2018, la tentative ratée de Roskomnadzor de bloquer Telegram a suscité le ridicule et l'amusement sur Internet. Depuis, cependant, une nouvelle équipe de direction a commencé à introduire des moyens plus efficaces pour bloquer les sites, obtenant dans certains domaines des résultats comparables à ceux de la Grande Muraille de Chine.


