
Victoire étriquée du président pro-européen de la Moldavie
Une semaine après les élections législatives en Géorgie, une autre ancienne république soviétique ayant des ambitions européennes s'est rendue aux urnes, alors que les Moldaves votaient dans le cadre d'un concours présidentiel. La situation en Moldavie, qui s'est récemment vu accorder le statut de pays candidat à l'UE, était l'inverse de celle de la Géorgie : la présidente pro-UE Maia Sandu cherchait à se maintenir au pouvoir face à une forte opposition pro-russe. Elle en est sortie victorieuse, bien que les résultats aient été plus serrés que la plupart des observateurs ne l'avaient prévu, mettant en évidence les divisions qui existent dans le pays.
- La candidate sortante Maia Sandu a réussi à se maintenir au pouvoir lors du second tour de l'élection présidentielle en Moldavie. Mais sa victoire a été mince : 55 % contre 45 % pour le candidat de l'opposition pro-russe, Alexandru Stoianoglo. Les propagandistes russes ont été ravis d'annoncer quela victoire de Sandu était basée sur les votes de la diaspora moldave à l'étranger - Stoianoglo a reçu 51% des votes exprimés à l'intérieur du pays.
- Il y a quelques mois encore, personne ne se serait attendu à une course aussi serrée en Moldavie. Sandu était nettement en tête des sondages(1, 2), avec deux fois plus de partisans que son plus proche rival. Stoianoglo ne recueillait que 1 % des voix. Selon les experts, Sandu pourrait remporter l'élection dès le premier tour. Sûre d'elle, la présidente a simultanément organisé un référendum sur le projet d'adhésion de la Moldavie à l'Union européenne. L'obtention du statut de candidat en juin 2022, aux côtés de l'Ukraine, a été le point fort du mandat de Mme Sandu, qui a cherché à tirer parti de cette question lors d'un vote simultané censé renforcer sa position.
- Mais les résultats des deux scrutins ont été décevants. Sandu n'a pas réussi à s'imposer au premier tour, obtenant 42 % contre 26 % pour Stoianoglo, l'ancien procureur général qui a consolidé le vote de protestation. Le référendum sur l'UE a failli se solder par une défaite, avec seulement 50,3 % de votes favorables.
- Stoianoglo ne peut être considéré comme un simple candidat pro-russe. Dans ses paroles, au moins, il parle d'intégration européenne combinée à la nécessité de relations pragmatiques avec Moscou (un message similaire à celui prôné par le parti au pouvoir en Géorgie). Il est donc un partenaire bien plus confortable pour le Kremlin que Sandu, ouvertement anti-russe.
- Bien que Mme Sandu reste en fonction, les résultats sont un coup dur pour elle et pour l'UE. Mme Sandu est l'alliée la plus proche que Bruxelles ait eue en Moldavie au cours des trois décennies qui ont suivi l'effondrement de l'Union soviétique. Et sa lutte pour le pouvoir n'est pas terminée. Le pays est une république parlementaire et le Parti de l'action et de la solidarité de Mme Sandu sera confronté à une nouvelle épreuve difficile lors des élections législatives prévues l'année prochaine.
Pourquoi le monde doit-il s'en préoccuper ?
La grande question que pose ce vote, le premier depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, est de savoir s'il reflète un déclin de l'influence russe en Moldavie. Parmi les trois anciennes républiques soviétiques candidates à l'adhésion à l'UE, la Moldavie se trouve entre une Ukraine enthousiaste et une Géorgie actuellement suspendue du processus d'adhésion en raison de l'adoption d'une loi d'inspiration russe sur les agents étrangers. Moscou s'efforce de saper la position des forces pro-européennes de la Moldavie à l'approche des élections de 2025. Ces résultats montrent qu'un gouvernement pro-européen pourrait facilement être évincé.


